Il était tard. Environ minuit et demi. Mayumi se trouvait assise par terre, vêtue d'une longue robe noire à corset qui s'éparpillait au sol. Son collier à perles noires était à ras du coup et malgré tout, les perles pendaient sur sa gorge, tels des pierres précieuses incrustées dans sa peau. Et Elle était là, devant sa cheminée allumée, fixant les flammes qui dansaient, comme si elle en était hypnotisée.
En réalité, elle pensait. Posée sur son parquet et devant sa cheminée comme on en voie peu de nos jours, Mayumi réfléchissait. Se demandant ce qu’elle avait bien pu faire a Dieu pour se retrouver ici, dans ce monde, sur l’Ile d’Esméria. Pour son acte cruel, elle avait payé le prix cher. Elle avait sacrifié tout ce qu’elle aimait le plus au monde, sa famille. Mayumi, elle qui avait fait tant d’effort pour devenir un ange, un vrai. Mais en vain. On l’avait puni très sévèrement en lui arrachant le peu qu’elle possédait de pureté, ses ailes. Puis elle fut exilée ici, dans ce monde qu’elle ne connaissait que très peu. Et tout ceci, fait par son propre père.
Une expression de dégout se traça sur son visage. Voilà cinquante ans qu’elle était sur Esméria, et pas un signe de son père. Il devait vraiment la haïr à présent. Et de toute façon, elle aussi le détestait. Elle le détestait pour l’avoir envoyé dans ce monde maudis, peuplés de créatures dénuées de toute intelligences cherchant toutes un sens à leur vie.
* Nous ne naissons que pour souffrir et pour mourir, rien de plus. Il ne faut pas chercher plus loin. Seulement, moi il me reste 550 ans à vivre… Et si il faut que je que je les passe ici, c’est d’ennuie et d’attente interminable que je vais disparaitre ! *
Mayumi se leva d’un geste lent et pris son long manteau rouge bordeaux, qui ressemblait plus à une cape qu’à une veste. Et elle ouvrit sa grande porte d’entrée avec violence, ce qui produisit un courant d’air impressionnant. Elle mit son capuchon, qui recouvrait presque tout son visage, mise appart la bouche, et sortit dans la nuit.
Elle se rendit au lac, d’un pas pressé. Ce pourquoi elle manqua plusieurs fois de tomber, en se prenant les pieds dans les hautes herbes. Une fois au bord de l’étang, elle se coucha dans l’herbe pour observer la Lune, qui était ce soir plus belle que jamais.