Le rouge et le noir [PV Suinsen]

Sa bourse quelque peu allégée, à l'instar de son esprit, Lucy héla un coche qui passait par là afin qu'il les conduise, elle et sa nouvelle possession, dans sa sombre demeure sur la colline, à l'autre bout de la ville. Au moment où la voiture s'ébranla, Lucy regarda Suinsen, qui avait repris une attitude d'écolière effarouchée, ne regardant que se pieds, ne disant mot. Lucy décida alors de dresser tout de suite les limites à ne pas franchir.

Pour ton jour de congé mensuel, je te laisserai déambuler à ta guise dans le parc, que ce soit en mon domaine ou encore à l'hôtel. En tout cas dans un premier temps. Si plus tard tu désires visiter par toi-même d'autres endroits de l'île, on en rediscutera, et jusqu'à nouvel ordre, demande-moi toujours la permission avant de sortir de ces limites, à moins que je ne t'envoie faire une course quelconque. Et si tu as la moindre question, n'hésite pas à me la poser.

En ce qui concerne les limites, les choses paraissaient claires. De plus, il semblait assez évident que ce n'était pas le genre de cette vampire de tenter de fuir par tout les moyens, et de profiter de chaque faille du règlement.

Après quelques minutes d'un trajet chaotique dans les rues pavées de la ville, le cocher arrêta ses chevaux devant d'immenses grilles se refermant devant une entrée pas très accueillante. Lucy descendit suivie de Suinsen, et ouvrit un des deux battants pour entrer dans le parc après avoir bien entendu payé le cocher.

La traversée du parc, qui en fait ressemblait plus à une forêt plantée de chênes pour la plupart plus que centenaires, se fit silencieusement à l'exception des oiseaux gazouillant insoucieusement, profitant de l'après-midi de cette journée de fin d'été.

Arrivées au pied de l'escalier menant à la porte d'entrée, Lucy se retourna pour observer les derniers rayons du soleil qui perçaient au travers des innombrables troncs d'arbres éclairés d'une lueur orangée.

Dans un grincement quelque peu sinistre, sans que personne ne fût présent pour les manœuvrer, lentement, les lourdes portes s'ouvrirent. Pour s'habituer à ne pas être trop amicale envers son esclave, elle se força à ne dire qu'un mot en montant vers l'huis béant :

Viens !

Pour ton jour de congé mensuel, je te laisserai déambuler à ta guise dans le parc, que ce soit en mon domaine ou encore à l'hôtel. En tout cas dans un premier temps. Si plus tard tu désires visiter par toi-même d'autres endroits de l'île, on en rediscutera, et jusqu'à nouvel ordre, demande-moi toujours la permission avant de sortir de ces limités, à moins que je ne t'envoie faire une course quelconque. Et si tu as la moindre question, n'hésite pas à me la poser.

En entendant ces mots, Suinsen retrouva son chemin dns le labyrinthe de ses pensées. Elle avait finalement été achetée par la vampire, était à quelques pas de la maison de cette dernière, et on était en train de lui en énonce le règlement. Elle fronça un instant les sourcils en s'entendant limiter son jour de congé au parc, mais retrouva vite son expression habituelle: qu'y avait-il a visiter de toutes façon sur cette fichue Île? Ceci dit, elle perdit toute méfiance quand elle vit la taille du parc. Elle aurait voulu courir dans cette gigantesque forêt, demander l'âge des arbres, l'origine de chaque chose. Les forêts étant en général la propriété des elfes, elle n'avait pas pu en visiter beaucoup avant la prise d'Esméria, et même ensuite, elle considérait ces lieux come opposés à sa nature. Mais le grand Parc était différent, et elle eut beaucoup de mal à rester silencieuse durant sa traversée. Arrivés à l'entrée, la porte s'ouvrit dans un grincement qui lui rappelait une ambiance soi-disant effrayante de chasse aux fantôme du temps ou elle était humaine. Le seul mot que sa maîtresse prononça: "viens!" suffit à lui faire comprendre que Lucy n'avait pas l'intention de la considérer comme libre ous prétexte qu'elle était vampire. Tant mieux. Elle aurait eu des problèmes si on l'avait traitée différemment. Dans un intervalle de temps qui lui parût très long, elle suivit Lucy vers l'intérieur de son habitat. Après une demi-seconde d'hésityation, elle se décida à prendre la parole, pour poser une question qui lui brûlait les lèvres.

- Euh... Vous avez dit vouloir m'utiliser comme personnel de votre hotel... Pourriez vous m'expliquer en quoi consistera mon travail s'il vous plait?

Sans doute était-ce le dépaysement, le changement brutal d'environnement, mais Suinsen ne semblait pas être dans son assiette. Sa respiration saccadée, son agitation, qui n'avaient pas échappés à l'attention de Lucy durent la traversée du parc, trahissaient certaines envies que, malheureusement, elle ne savait interpréter.

Au moment de passer la porte du manoir, la nouvelle propriétaire fut arrêtée par quelques paroles prononcées derrière elle.

- Euh... Vous avez dit vouloir m'utiliser comme personnel de votre hôtel... Pourriez-vous m'expliquer en quoi consistera mon travail s'il vous plait?

*Pff… déjà le boulot qui refait surface… pas moyen de profiter de ce jour de congé jusqu'à la fin*

Mais en fin de compte, ce que Lucy attendait de sa nouvelle acquisition était plus simple à expliquer qu'à accomplir. Elle décida donc de lui dire de suite :

"

Ce que je te demanderai sera de me seconder pour la gestion de l'hôtel. Accomplir les différentes tâches qu'incombe à tout gestionnaire d'entreprise, du moins en partiellement, fera partie de ton lot quotidien. Mais ne t'inquiète pas, il n'y aura pas que ça…

"

Elle avait rajouté cette dernière phrase rapidement, car déjà une expression d'ennui avait envahi le visage de collégienne de la vampire : elle n'allait tout de même pas lui faire trop peur avant qu'elle n'ait posé ne fut-ce qu'un orteil dans l'hôtel. De plus, Lucy ne parvenait toujours pas à se faire à l'idée, non seulement qu'elle possédait maintenant une esclave, mais en plus, que ladite esclave était exactement comme elle, de la même race.

Cette situation poussait l'inconscient de Lucy à considérer son esclave comme son égale, mais elle s'y refusait. Dans son esprit, elle se représentait la captivité de Suinsen comme une punition pour ne pas avoir agit comme tout vampyr sain d'esprit l'aurait fait.

Cette situation aboutissait à un amalgame étrange mais somme toute pas si improbable qu'il n'y paraît. Suinsen deviendrait esclave de par les actions qui lui seraient demandées, mais comme amie de par la manière dont les ordres seraient transmis. Personne ne sait combien de temps ce mélange allait durer, et encore moins dans quel sens il allait évoluer.

Après avoir jeté un dernier coup d'œil à son parc forestier, Lucy adressa la parole à son esclave, sur un ton inconsciemment amical, mais feignant l'indifférence :

"

Si tu veux passer ta première nuit dans ma propriété au calme, je te conseille fortement de rentrer, pour éviter que les loups, en semi liberté dans ces bois, qui ne te connaissent pas encore, ne te fassent une fête d'accueil à leur façon. Je viens de t'acheter, je n'ai pas trop envie de te retrouver demain matin éparpillée dans ma propriété…

"

Elle avait prononcé ces mots tout en se retournant vers l'huis béant et en reprenant sa marche vers le grand hall sombre. Par un léger mouvement de la main droite, qui n'était pas du tout utile mais qui ajoutait de la grâce à l'utilisation de la télékinésie, elle fit voleter une bougie de lustre en lustre dans l'entrée pour y apporter de la lumière.

Comme pour confirmer ses dires, les loups commencèrent à chanter, pour célébrer le réveil de la Déesse Blanche.

"Ce que je te demanderai sera de me seconder pour la gestion de l'hôtel. Accomplir les différentes tâches qu'incombe à tout gestionnaire d'entreprise, du moins partiellement, fera partie de ton lot quotidien. Mais ne t'inquiète pas, il n'y aura pas que ça…"

Suinsen n'aimait pas particulièrement le travail de gestion. Elle le trouvait ennuyeux, mais au moins ne lui demandais-t-on pas de faire appel à une grande intelligence, ou a la "puissance légendaire des vampires". Elle avait à peine eu le temps de contater ce qu'elle pensait de son travail que Lucy reprit la parole.

"Si tu veux passer ta première nuit dans ma propriété au calme, je te conseille fortement de rentrer, pour éviter que les loups, en semi liberté dans ces bois, qui ne te connaissent pas encore, ne te fassent une fête d'accueil à leur façon. Je viens de t'acheter, je n'ai pas trop envie de te retrouver demain matin éparpillée dans ma propriété…"

Comme pour confirmer ses dires, les loups en questions entamèrent un chant d'une rare poésie façon pleine lune. D'après quelques livres de fantastique qu'elle avait lus étant humaine, les vampires les plus puissants contrôlaient les loups, même sans les connaître. Ce n'était pas son cas, et elle préférait de loin suivre son maître qu'essayer de devenir celui de ces canidés, certe adorables, mais néanmoins carnassiers. Elle suivit donc sa maîtresse dans la propriété, ou sa première pensée fut de penser à réclamer un plan des lieux. Si le parc lui avait paru grand, elle craignait de ne pas s'y retrouver dans le labyrinthe formé par les pièces et couloirs du manoir ancien. Bon sang, elle avait envie d'entrer dans la première pièce et de n'en plus sortir. Elle suivit malgré tout sa maîtresse dans le dédale, attentive à tout ce qu'elle pourrait lui dire, et ce jusqu'à ce qu'elle même s'arrête, immédiatement imitée par Suinsen.

Depuis la sortie de sa cage, un mot qualifiait idéalement Suinsen aux yeux de Lucy : hésitante. Dans le coche, elle semblait ne pas trop savoir que faire, lors de la traversée du parc, elle restait silencieuse, observant les alentours avec un mélange d'envie et d'appréhension dans le regard. Arrivée devant le manoir, de nouveau une hésitation : elle suivit Lucy à l'intérieur avec des pieds de plomb.

Toujours précédées de la bougie qui allumait les lustres, chandeliers et autres flambeaux, la vampire guidait son employée parmi un dédale de couloirs et passages, évitant pour une fois d'user des passages secrets et portes dérobées, prenant donc le double de temps pour se rendre dans le grand salon, à l'étage, par rapport à son habitude. Mais le fait de ne pas passer par les chemins de travers ne justifie pas à lui seul tout ce temps perdu, car le plus court pour se rendre dans cette pièce à l'étage depuis la grande porte, il suffit de prendre l'escalier et, après la troisième volée, prendre la première porte à gauche.

Lucy avait en effet décidé de tout de suite faire le tour du propriétaire par les différents petits couloirs de service. Elle les utilisait d'ailleurs elle-même assez souvent car, même s'ils ne le semblaient pas lors de ce premier trajet avec Suinsen, offraient de nombreux raccourcis.

Arrivées dans le Grand Salon, une des rares pièces du bâtiment, avec sa chambre et la bibliothèque, dans lesquelles Lucy passait beaucoup de temps, la maîtresse entre autre de maison adressa la parole à l'apparente jeune fille, qui regardait tout autours de la salle le mélange de sombre et de lumière, de luxe et de sobriété :

"

Tu viens de faire un tour de la maison qui, somme toutes, n'est pas aussi grande qu'elle en a l'aire. Je vais te demander de m'attendre quelques instants dans cette pièce. Et fais-moi penser demain de te présenter aux loups, afin d'éviter toutes surprises à l'avenir.

"

Lucy quitta alors la pièce par la porte de service, par laquelle elles étaient entrées quelque instants auparavant. Mais elle ne s'aventura pas très loin, et commença à observer attentivement les faits et geste de Suinsen, seule, pour essayer de mieux la connaitre, par des trous d'observation conçus au départ pour que les serveurs puissent voir les ordres du maître de maison, donnés en gestes discrets.

"Tu viens de faire un tour de la maison qui, somme toutes, n'est pas aussi grande qu'elle en a l'aire. Je vais te demander de m'attendre quelques instants dans cette pièce. Et fais-moi penser demain de te présenter aux loups, afin d'éviter toutes surprises à l'avenir."

Seule. elle était seule... Situation logique en elle même: elle n'avait pas encore de tâche à effectuer, alors pourquoi Lucy passerait-elle plus de temps que cela avec elle? D'abord un peu embêtée, elle fit le tour de la pièce. Elle pensa un moment s'asseoir au milieu, mais on ne lui avait pas permis encore de considérer ce lieu comme sien. On ne le lui signifierais jamais d'ailleurs. elle devrait sans doute elle même déduire, au bout d'un certain temps, la pièce qui lui était dédiée lorsqu'elle n'était pas sollicitée. Encore perdue, elle préféra ne pas quitter la pièce. du moins pas par la porte. Après quelques démêlées avec la poignée qui refusait obstinément d'ouvrir la fenêtre vers l'intérieur, elle put respirer l'air oxygéné du parc. Mais ce n'était pas sa destination. Pas pour aujourd'hui. Avec une agiletée qui faisait défaut à la plupart des humains, elle se hissa jusqu'au toit, d'où elle pourrait entendre si la porte se rouvrait, ou si Lucy l'appelait. Allongée sur les tuiles, elle pouvait observer le parc à sa guise: ce lieu serait ses congés pour le restant de ses jours. Elle tenta un moment d'immaginer. La fin de l'éternité, dans ce manoir. Un sourire passa sur ses lèvres. La situation changerait bien un jour ou l'autre. Après tout, les vampires n'étaient pas tout à fait immortels... Elle était plongée dans ce débat intérieur lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. D'un bond, elle fut dans la pièce, pour voir arriver sa maîtresse...

Refermant la porte derrière elle, Lucy fit trois pas dans le couloir, tira un rideau et actionna une petite trappe, dégageant ainsi une ouverture d'observation vers la pièce où se trouvait Suinsen, seule et livrée à elle-même, du moins pour le moment. Cette petite séance d'observations lui en apprendrait sûrement autant sur les habitudes et les passe-temps de son esclave qu'en demandant directement.

Après avoir tourné en rond dans la pièce et observé quelque peu les alentours, Lucy vit la petite collégienne disparaître dans le renfoncement des épais murs menant à la première fenêtre, d'où des sons trahissant un effort physique intense se firent rapidement entendre : cette fenêtre avait toujours été difficile à ouvrir. Quelque secondes passèrent, puis Suinsen réapparu dans le champ de vision de Lucy, propulsée en arrière avec un morceau de poignée en main, accompagnée d'un "Crac" retentissant : la fenêtre avait accepté la requête de la vampire et s'était ouverte violement.

De nouveau, la petite hémophage disparu en direction de l'ouverture. Lucy attendit quelque instants, se disant que se soumise était simplement accoudée sur l'appui de fenêtre, mais, collant son oreille contre le trou, elle pu entendre les quelque oiseaux crépusculaire se disant "bonne nuit" avant d'aller se coucher, les loups qui déchiquetaient le cadavre qui avait servi de repas à Lucy la veille, mais pas un son ne provenait de son esclave, alors que jusqu'à maintenant, elle l'avait suivie grâce aux bruits de sa respiration et de ses battements de cœur.

Silencieusement, elle ouvrit la porte, s'aidant de ses pouvoirs pour minimiser les bruits, et rentra dans le grand salon. Dès qu'elle eut passé le pas de la porte, elle constata qu'effectivement, Suinsen n'était pas devant la fenêtre. Elle claqua alors la porte, et ne tarda pas à voir Suinsen, qui n'avait pas encore remarqué qu'elle était là, rentrer silencieusement par l'ouverture béante. Lucy rentra alors dans le champ de vision de son esclave ne laissant pas paraître sa colère, qui en fait était surtout due à l'inquiétude à l'égard de son investissement.

Mais elle était tout de même fâchée, car la fenêtre était bel et bien cassée, et il fallait bien la réparer... et sans trop tarder, car on ne parvient jamais à prédire le temps de la nuit... Lucy s'adressa alors sèchement à Suinsen.

"Je te prie de bien vouloir réparer les dégâts que tu as commis, mais aussi que tu me dises où tu as été. Et n'espère pas avoir à manger avant qu ce ne soit terminé."

Lucy était elle-même étonnée de ses propos, mais il lui fallait bien s'affirmer en tant que Maîtresse.

Suinsen resta silencieuse, face à sa maîtresse. Elle jeta un coup d'oeil à la fenêtre qu'il ne lui semblait pas avoir cassé en l'ouvrant, mais dut bien constater que la fenêtre n'en était plus vraiment une. Comme à son habitude, elle perdit toute expression, avant de répondre posément.

"J'était sur le toit."

Elle jeta un nouveau coup d'oeil à la fenêtre avant de reprendre:

"Je ne pensait pas l'avoir cassée, mais je peux la réparer. Elle sera à l'identique avant demain."
Elle était habituée aux privation, et ce jeun imposé ne lui suggérait rien d'insurmontable. Ce qui l'ennuyait, c'était que la Vampire était réellement furibarde, et que si son ton sans timbre empêchait qu'on puisse l'accuser de quoi que ce soit, elle savait que c'était une attitude propre à la fâcher encore plus, mais elle n'avait pas le choix. Elle ne savait pas si elle devait se mettre immédiatement aux réparations, ou attendre d'autres reproches, la foudre et un incendie pour courronner le tout. Le Monde tournait caré dans sa tête, et elle commençait à se poser des questions. notament à propos de la fenêtre: elle était certaine de ne pas l'avoir cassée. Perdue dans ses pensées, elle ne s'apperçut pas que sa maîtresse lui avait à nouveau parlé. Elle murmurait, comme un raisonneur qui trouve que quelque chose cloche.
Personne n'est entré, je l'aurait entendu... Comment est-ce qu'elle a été cassé?

Ce n'est vraiment pas de cette manière que Lucy avait imaginé l'arrivée de son esclave. Mais tout de même, pourquoi était-elle si fâchée? Simplement une fenêtre pétée et elle se mettait en rogne? Il y avait aussi le fait que sa servante soit allée sur le toit, mais c'était justement afin de connaître ce genre de réactions qu'elle l'avait laissée seule. Donc, ce soudain accès de colère était totalement injustifié.

Ainsi donc, elle était sur le toit... Mais pourquoi le toit? Rester accoudé à la fenêtre n'est-il pas suffisant? Lucy était tellement perdue dans sa réflexion quelle ne nota même pas le ton sur lequel avait répondu Suinsen, le ton sans ton qu'elle détestait tant.

Mais en ce qui concernait la fenêtre, Lucy avait remarqué le regard interloqué de sa soumise. Elle ne semblait pas convaincue de sa culpabilité dans l'affaire du châssis brisé. Pourtant, il était aussi clair qu'un clerc de notaire puisse l'être que cette fenêtre avant subit des dégâts. Et d'ailleurs, elle le dit d'elle-même :

Je ne pensait pas l'avoir cassée, mais je peux la réparer. Elle sera à l'identique avant demain.

Je n'ai rien vu passer, ni personne, à l'exception de Suinsen, mais il est vrai que j'ai ressenti une présence, que j'ai d'abord attribuée aux loups qui sont souvent à proximité du manoir à cette heure-ci, mais j'en doute de plus en plus.

Une idée vint alors, accompagné d'un sourire sadique et d'une envie de mordre...

Serais-tu tentée par une partie de cache-cache? Notre invité a sûrement eu assez de temps pour se cacher, à mois qu'il ne soit reparti

Comme pour confirmer ses dires, elle remarqua, reflétant la lumière de la lune, un grappin, accroché au rebord de la fenêtre. Décidément, rien ne tournait rond dans cette maison, depuis qu'elle était revenue ce soir...

[pas terrible, je sais]

"Serais-tu
tentée par une partie de cache-cache? Notre invité a sûrement eu assez
de temps pour se cacher, à mois qu'il ne soit reparti"

Reparti, elle n'en savait rien. Ce qui venait de se passer remettait sérieusement en cause sa capacité à entendre autre chose que les ordres, aboyés bruyamment par des maitres impatients: elle n'était pas fichue d'entendre quelqu'un de discret à à peine quelques mètres d'elle. C'tait plutôt alarmant. Mais le plus alarmant était sans doute l'Intrus, peut être encore dans la propriété. Et cette fenêtre qui ne pouvait plus se refermer... C'était bien le moment.

- " Je pense qu'il (ou elle) a bien organisé son coups. La fenêtre impossible à fermer, il devient facile de filer dès que nous avons le dos tourné..."

Elle était incapable en cet instant de répondre aux attentes de son maitre, et cela l'embarrassait. Elle n'était pas assez forte pour se battre, et ne pouvait donc même pas garder la fenêtre. Et le grappin qui en descendait n'annonçait rien de bon. Regardant d'un peu plus près, elle s'apperçut que le grappin était détachable. Ce qui permettait de récupérer la corde au retours. Comme cette dernière était toujours là, on pouvait logiquement en conclure que l'Intrus était toujours dans la propriété.

- "Il est toujours là en tous cas. Reste à le trouver."

Si Suinsen ne possédait pas de grandes capacités du point de vue de ses pouvoirs, il était évidant qu'elle se défendait mieux au niveau de l'intelligence : elle constata rapidement le système largable du grappin, et en déduit de suite que l' "Invité" se trouvait encore quelque part à l'intérieur.

Vive la télékinésie... Ce pouvoir était un cadeau du ciel... enfin... quand on est vampire, le ciel, on n'y croit pas trop, comme c'était le cas pour Lucy qui, à l'instar de tous les vampires qu'elle avait croisé, ne pouvait pas saquer tout ce qui avait un rapport avec une quelconque religion.

Donc, usant de son don, elle commença par faire choir le grappin bas de la fenêtre, au beau milieu des loups, qui se doutaient de quelque chose... un repas bonus en perspective? Qui sait? Ces animaux ont parfois un sixième sens que personne d'autre ne parvient à interpréter.

Une fois le crochet décroché, quelques barres de fer, mélangées aux morceaux de verre, firent l'affaire. Placées en travers de la béante fenêtre, les manches de hallebardes et autres lances avaient été tirées de leur retraite décorative, rendant impossible toute évasion de ce côté. Car seul un vampire de haut niveau pouvant prendre la consistance du brouillard parviendrait à s'échapper. Mais s'il s'était avéré que ce fut justement un tel intrus, pourquoi se serait-il amusé à monter à la fenêtre du premier étage avec une corde, plutôt qu'en se transformant?

Satisfaite de sa barricade encastrée, Lucy vint se placer au centre de la pièce, faisant voleter lentement autours d'elle les têtes de hallebardes et de lance dont les manches avaient été recyclés. Tous les sens en éveil, elle eut du mal à trouver quelque chose, mais les battements de cœur humains sont si doux à écouter... surtout lorsqu'ils sont sur le point de s'arrêter.

Trouvé!

Une pointe de lance fila, une ombre s'échappa, mais une odeur s'ajouta : du sang s'écoula. Il était donc évident que le visiteur nocturne était blessé, mais hélas reparti. Cette fois, il semblait que c'était de la faute de la propriétaire des lieux qui avait omis de refermer correctement la porte de service...

Cache-cache se transforme en cache-chasse... Prends ceci et prépare tous tes pouvoirs, ils seront utiles

Lucy avait envoyé une épée courte à Suinsen avant de s'engouffrer dans le passage, à la poursuite de l'ombre, reniflant le fumet sanglant d'une blessure fraîche.

Spoiler:

En temps normal, Suinsen aurait immédiatement lâché l'épée. Arme était sinonyme de combat et le mot combat lui vouait une anthipathie féroce, pour l'unique et bonne raison que Suinsen n'était pas assez forte pour se battre avec autre chose que des humains ou des fées, ce qui n'était pour améliorer la fierté de la race. Pourtant - un peu hésitant malgré tout - elle suivit son maître vers l'Extérieur. Elle n'aimait pas ça, d'autant qu'elle ne savait pas si les chers animaux domestiques de Lucy - alias des loups carnivores - étendaient leur territoire jusque là. Ce fut sans doute l'odeur du sang qui la poussa à suivre Lucy sans réfléchir, sans prendre garde à ce qui l'entourait et surtout sans craindre pour sa vie (rare).Fort heureusement, la lumière du soleil ne les atteignait pas. Suinsen était déjà suffisament faib le naturellement sans y ajouter l'état de vulnérabilité dans lequel la plongait le moindre rayon de lumière naturelle. L'Intrus, qu'elle eurent tôt fait de rattraper, était... bizarre. Probablement de sexe masculin, c'était une créature indéfinissable, que suinsen ne parvenait pas à classer. Peut être un croisement entre une race pure et une autre impure. Qui sait? Et puis un déclic survint, en plein dans la tête de Suinsen: ce type était un de ceux qui surveillaient la conversion de Suinsen dans l'esclavage. Un sourir passa sur son visage. Un de ceux qu'elle arborait courament du temps ou elle était libre.
- "Excès de Zèle?" suggéra-t-elle.
- "Vous ne faites même pas confiance à vos alliés. C'est pathétique. Miss, vous avez devant vous un espion à la solde de ceux qui m'ont rétrogradée au rang d'esclave. Son sort est entre vos mains, puisque je n'ai plus le choix de mes actes"

Pistant l'individu dans les couloirs et escaliers jusqu'à la première porte donnant sur l'extérieur, Lucy se dit :

S'il est dehors, il est foutu... Je serai plus libre de mes mouvements, et je pourrais aussi appeler Amarok et sa meute à la rescousse, si vraiment c'est un cas difficile... mais ça m'étonnerait, vu la manière dont il s'est fait blesser tout à l'heure...

En effet, à peine sortie, elle arrive devant l'Intrus en train de se relever : il semblerait qu'il ait trébuché sur une racine. Ayant presque pitié de sa maladresse, elle lui dit :

Eh bien, t'es pas doué, toi... je me demande quand-même comment tu es parvenu à rentrer dans mon domaine.

Il était tout de noir habillé, comme le page dans la chanson de Malbrouck, portait une cagoule, noire bien évidemment, et des gants de la même couleur. Lucy s'approcha et lui arracha d'un coup d'épée précis le morceau de tissus qui lui cachait le visage... mais elle eût aussitôt un mouvement de recul.

Ce... cette... chose... était à la limite qualifiable d'animal, et ce grâce à sa faculté de déplacement, mais certainement pas à cause de son apparence. Il était plutôt de ce point de vue une insulte à l'égard de tout être vivant.

C'est à ce moment qu'apparu par la porte, derrière elle, Suinsen, essoufflée, tenant à deux mains l'épée taille "enfant" qu'elle lui avait lancée avant de partir à la poursuite de ... du... enfin... de la chose noire, quoi...

Plissant les yeux, comme si elle voulait se rappeler de quelque chose, Suinsen fixait l'individu... puis, dans un sourire auquel Lucy ne se serait jamais attendu de sa part, s'exclama :

"Excès de zèle?
Vous ne faites même pas confiance à vos alliés. C'est pathétique. Miss, vous avez devant vous un espion à la solde de ceux qui m'ont rétrogradée au rang d'esclave. Son sort est entre vos mains, puisque je n'ai plus le choix de mes actes"

Pour une multitude de raisons, la colère envahit Lucy. Et plus elle y pensait, et plus le nombre de "chefs d'inculpation" tombaient sur l'Inconnu : Rentrer dans sa propriété sans y avoir été invité, détruit une fenêtre, tâché de sang le parquet ciré de grand salon, l'avoir dérangée pour rien (il était tellement faible qu'elle n'avait même pas eu l'occasion de s'amuser), mais également pour avoir maltraité une Vampire, et enfin, bien que d'autres raisons puissent encore s'ajouter, pour le manque de confiance flagrant envers elle-même et son esclave, ayant engendré cet espionnage.

J'ai bien envie de le tuer, après l'avoir quelque peu torturé, et le livrer morceaux par morceaux à mes loups sous ses yeux... mais à le voir, je doute qu'il soit comestible... je n'ai pas envie d'empoisonner mes compagnons canins... On va donc le garder dans la cave, et j'enverrai un échantillon en vue de l'analyser, car, si on le tue de suite, il ne conservera peut-être pas jusqu'à l'arrivée des résultats

Une corde virevolta avec autant de grâce qu'un dragon chinois pour venir s'entortiller autours du prisonnier, qui ne tarda pas à être à son tour soulevé dans les aires, prenant la direction des oubliettes.

Spoiler:

"J'ai
bien envie de le tuer, après l'avoir quelque peu torturé, et le livrer
morceaux par morceaux à mes loups sous ses yeux... mais à le voir, je
doute qu'il soit comestible... je n'ai pas envie d'empoisonner mes
compagnons canins... On va donc le garder dans la cave, et j'enverrai
un échantillon en vue de l'analyser, car, si on le tue de suite, il ne
conservera peut-être pas jusqu'à l'arrivée des résultats"

Le sourire de Suinsen venait de s'ancrer sur elle pour un long moment. En effet, la situation était on ne peut plus amusante. Suinsen était désormais au service d'une vampire plus douée qu'elle, certes en tant qu'esclave, mais néanmoins aux côtés d'une personne respactable. Qui plus est, elle ne serait pas surveillée constament dans les jours à venir et pouvait donc se permettre, comme actuellement, d'afficher des expressions non-neutres. Elle avait elle-même provoqué son esclavage et ne s'en lamantait donc pas. En somme, sa situation était même plus enviable que celle de certaines créatures impures, d'un rang moindre et relégués au même travail, sans l'avoir choisi et payés une misère (sous peine d'être licenciés et remplacés par des esclaves). Enfin, argument suprême en faveur de la situation actuelle, elle avait devant elle une personnalisation du Système qui l'avait poussé à ce qu'elle appelait la "Soumission Librement Consentie". Dans un language plus direct, elle avait trouvé un défouloir, et n'avait pas l'intention de s'en priver, d'autant que son Maître ne semblait pas avoir plus qu'elle l'intention de remettre l'Inconnu en liberté.
Une corde vint lier solidement l'Intrus pour mieux l'envoyer aux Oubliettes. Visiblement, son sort était scellé.
- "Miss?
...
Merci..."

Ficelé tel un saucisson d'Ardenne, l'individu, dont on ne savait toujours pas le nom, disparu rapidement par une trappe piégée donnant directement accès au labyrinthe qui faisait office d'oubliettes.

Se retournant vers Suinsen, Lucy reconnu à peine son esclave, car elle arborait un sourire, un vrai... En effet, chaque fois qu'elle avait posé les yeux sur la petite fille, elle l'avait trouvée soit sérieuse, soit avec un sourire qui sonnait faut, feint et forcé. Mais celui qui éclairait en ce moment le visage de Suinsen était naturel et sincère. Lucy eut même droit à un "merci" tout aussi naturel.

Je découvre enfin sa vraie nature. Espérons que cela dure.

Lucy était heureuse de cette découverte, mais il fallait bien penser à faire quelque chose de cet individu... La vampire savait d'où il venait, mais ignorait encore la raison de sa venue et son identité... C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte qu'elle avait oublié quelque chose, mais quoi?

S'apprêtant à rentre dans le manoir, elle tenta de se remémorer les évènements pour découvrir ce qui lui avait échappé.

Sentant un petit creux se profiler à l'horizon, elle se dirigea vers la cuisine, et ouvrant un frigo gargantuesque, se saisit d'un corps qui était accroché au frais tel un costume dans une penderie. Mordant à pleines dents dans le cou de l'être inanimé (qui prendra désormais la dénomination de "souper"), Lucy commença à se repaitre, mais s'arrêta rapidement, tendant le souper amorphe à Suinsen, soulignant cet acte de quelques paroles :

T'en veux? Ne crains rien, il est bien frais, il date d'hier et n'est pas mort... il n'est qu'en léthargie... D'ailleurs, il faut que je pense à aller faire des courses, demain, à moins qu'on aille manger à l'extérieur

Même si elle semblait libérée de toute inquiétude, Lucy était cependant toujours tracassée par cet oubli oublié... Ce n'était pas la fenêtre cassée, elle s'en occuperait le lendemain... ce n'était pas non plus le nettoyage du sang sur le parquet... Sang? Mais oui, bien sûr!!

J'ai oublié de prélever un échantillon sur l'intrus!